Que vaut réellement le Baccalauréat 2020 ? Le cru 2020 est tellement bon que la question se pose.
Le cru 2020 est tellement bon que la question se pose de savoir comment l’enseignement supérieur va pouvoir absorber le flot de nouveaux bacheliers qui vont venir gonfler les effectifs d’établissements aux capacités d’accueil limitées. En effet la quasi totalité des académies affichent des résultats records. Mais ce n'est pas la seule question qui se pose. En pleine crise sanitaire liée au coronavirus, la continuité pédagogique aurait-elle brillé en efficacité ? Les élèves en parfaite autonomie auraient-ils géré, avec maestria et sans relâche des visios, des cours, des devoirs ?
Le tour de force sans précédent du monde de l'éducation.
La nouveauté des préjurys cette année a permis d’ajouter des points pour assurer une « continuité » des résultats. Et d’aucun de se caresser le nombril se félicitant de ce taux presque miraculeux 89,1 % de taux de réussite en Martinique, par exemple, contre 91% au national.
Pourtant depuis décembre 2019 les établissements sont restés bloqués, du fait de la grève pour les retraites. Puis en Mars dernier, à peine réouverts, le coronavirus a contraint les élèves au confinment.
Mais qu'à cela ne tienne car heureusement, dans le monde magique de l’éducation nationale tout est possible. A coup de baguette magique, deux points ont été rajoutés par-ci, par-là aux contrôles continus des enseignants qui, la règle était stricte, devaient au préalable faire preuve de bienveillance (forcée ?). Et oui, la continuité pédagogique devait coûte que coûte coller au discours indéfectiblement positif du ministère.
D'ailleurs dans une enquête publiée le 26 juin France inter a révèlé que des professeurs ont été contraints, en plus des règles exceptionnelles de notation du contrôle continu des candidats au bac 2020, de se livrer à des manipulations douteuses pour augmenter le nombre de lauréats à l'examen.
Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du syndicat d'enseignants Snes, a déclaré auprès de la radio de service public que son organisation avait eu vent «de ce type de bricolage», destiné à «augmenter la note du contrôle continu», notamment du deuxième trimestre. Rappelons que cette année, le baccalauréat reposait uniquement sur la moyenne des élèves en contrôle continu des deux premiers trimestres de l'année scolaire.
Sous couvert d’étude sur la sévérité des enseignants durant les contrôles continus, les préjurys et jurys ont établi des remédiations, une sorte de grande promotion à la foire aux notes. Et donc à coup de chiffres médians sur les trois dernières années, de taux modifiés, de chiffres et rechiffres, les résultats très attendus du bac 2020, tout beau tout neuf, sont arrivés. Délivrants ainsi les élèves méritants ( ou non…), les parents patients et impatients de passer à autre chose. Le happy-end surréaliste a fait la Une des journaux : 89,1 % de taux de réussite au premier tour…
Attention, le suspense reste entier pour les oraux de rattrapage à venir.