Le 2 mars 2025, alors que devait démarrer la deuxième phase de l’accord du 15 janvier 2025 entre Israël et le Hamas, pour un cessez-le-feu à Gaza et la libération d’otages, Tel Aviv a annoncé la suspension de l’entrée de marchandises et d’approvisionnement dans la bande de Gaza, fragilisant dès lors la poursuite de la trêve. Depuis, le processus est bloqué.
L’accord conclu entre Israël et le Hamas, le 15 janvier 2025, grâce à la médiation du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis et entré en vigueur dès le 19 janvier, organise le cessez-le-feu et la libéralisation des otages en trois étapes successives.
La première étape, qui s’est achevée le 1er mars 2025, a duré 42 jours, elle a mis en place un cessez-le feu temporaire et a conduit, pendant cette période, à la libération de 33 otages retenus à Gaza et de 1700 Palestiniens détenus par Israël, à la reprise de l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza et au retour des civils gazaouis. L’accord prévoyait également le retrait de Tsahal de zones densément peuplées de la bande de Gaza et, début février, l’armée israélienne s’est totalement retirée du couloir de Netzarim qui coupe la bande de Gaza d’Est en Ouest depuis les attaques du 7 octobre 2023.
La deuxième phase, qui doit durer également 42 jours, prévoit la libération de tous les otages restant détenus par le Hamas et le retrait total de l’armée israélienne à Gaza. Elle a pour objet de conduire à la fin définitive de la guerre et de permettre le passage à la troisième phase, celle de la reconstruction de Gaza.
Les négociations nécessaires au passage à la deuxième phase sont au point mort. Alors que le Hamas souhaite que les termes de l’accord soient strictement respectés et que la deuxième phase soit mise en œuvre tel que prévu par l’accord de janvier, Israël a accepté un nouveau plan proposé par l’émissaire de Donald Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff, qui en modifie les conditions d’exécution.
Ce plan prévoit de prolonger le cessez-le-feu jusqu’à mi-avril pour couvrir le mois du Ramadan et de la Pâque juive, de poursuivre l’acheminement de l’aide humanitaire. En échange, le Hamas libérerait immédiatement la moitié des otages restants. Ce plan a été rejeté par le Hamas, entraînant la suspension de l’acheminement de l’aide humanitaire du fait de la fermeture par Israël des points de passage vers Gaza.
On peut s’interroger sur ce changement de position des autorités israéliennes. La question du retrait complet de Tsahal du territoire occupé soulève incontestablement des oppositions et des craintes pour la sécurité d’Israël. Il faut aussi garder en mémoire que l’objectif constamment affirmé du Premier ministre Netanyahou est la fin de la puissance militaire et de l’emprise politique du Hamas sur la bande de Gaza. De ce que l’on sait de l’accord, qui n’a pas été publié, il ne contient pas de dispositif de surveillance de la trêve, rendant difficile le contrôle de son respect et de son exécution.
La suspension de l’aide humanitaire par la fermeture des principaux points de passage de cette aide est la première conséquence de ce blocage, entraînant des hausses des prix et des risques graves de pénuries de produits de première nécessité pour la population gazaouie.
Militairement, le risque de reprise des hostilités était déjà bien réel, des frappes israéliennes ayant été menées à Gaza depuis le dimanche 2 mars. Mais les frappes sur Gaza dans la nuit du lundi 17 mars au mardi 18 mars, qui ont tué des centaines de personnes, font craindre une remise en cause de la trêve.
L’objectif de l’accord de janvier, celui d’un cessez-le-feu permanent, semble donc s’éloigner.
Toutefois, le mercredi 5 mars, l’envoyé spécial américain pour les otages, Adam Boehler, aurait eu des contacts directs avec le Hamas. Tandis que l’accord du 15 janvier a été conclu grâce à une longue médiation de trois Etats, les Etats-Unis semblent vouloir reprendre la main sur les négociations du passage à la deuxième phase. Dans l’objectif de libération des otages, les Etats-Unis ont accepté un contact direct, jusqu’à présent exclu, avec le Hamas, considéré comme un groupe terroriste. On assiste donc à de nouvelles tentatives de reprise des négociations qu’il faudra suivre avec attention.
Alors que les négociations sur les suites de la trêve peinent, la Ligue des Etats arabes, réunie le 4 mars, au Caire, lors d’un sommet extraordinaire sur la situation à Gaza, a par ailleurs proposé un plan de reconstruction de Gaza, après la guerre, en réponse au projet du président américain de déplacer la population gazaouie hors de l’enclave palestinienne et de placer celle-ci sous contrôle américain.