C’était l’objet d’un débat organisé, tout juste avant le premier tour des élections territoriales, par Contact Entreprise Martinique en présence de Francette Florimond, Directrice de publication du magazine économique Inter entreprises.
Le titre d’un tel débat est pour le moins « piquant ». Invitée à l’animer face à la presse ainsi que d’autres acteurs économiques comme GBH, Francette Florimond s’est bien gardée de répondre à cette petite provocation croustillante des organisateurs. La journaliste économique considère en effet que son travail mené depuis plus de 22 ans ne peut être considéré comme une « sous-catégorie ». Elle l’affirme donc sans ambages « sommes-nous un 4ème pouvoir, clairement oui fondamentalement. Après bien sûr le politique, le législatif et le judiciaire, oui la presse et encore plus la presse économique, qui est une presse d’anticipation et d’explication est là pour expliquer ce qui est entrain de changer, ce qu’il se passe et ce qui peut apporter des modifications substantielles dans l’environnement ».
Cette analyse est fondée et se reflète aisément dans la réalité. L’information est en effet un pouvoir, et l’information économique est peut-être l’expression la plus dense, la plus concentrée, de ce pouvoir. C’est aussi la plus exposée et potentiellement la plus dangereuse dans l’utilisation qui peut en être faite. Qu’il en ait ou non conscience, un éditeur d’information économique accomplit une mission d’intérêt public. L’information économique est un rouage essentiel de l’économie de marché. Elle résulte du travail de journalistes dont le rôle est d’assurer la libre circulation des données relatives au fonctionnement de l’économie.
Nous avons donc posé la question sur l’existence d’une telle presse économique en Martinique. Sourire qui en dit long de la journaliste et des autres participants à ce débat.
Francette Florimond profite de ce long boulevard d’absence d’autres concurrents solides dans un tel segment de presse pour faire sa communication. « En tout cas nous sommes là depuis 22 ans, en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane ». La journaliste poursuit sur son leadership en précisant ces supports ( Un mensuel, newsletters quotidiennes, site internet, site d’annonces légales). Francette Florimond exulte. Comment faire autrement dans ce contexte d’une absence flagrante d’une presse économique florissante dans l’île. Mais 4ème pouvoir ou pas, attention au revers de la médaille. Cette mission d’information économique est soutenue par des entreprises privées. Et bien que les comptes de toutes les entreprises de presse soient actuellement dégradés, il faut poser comme un principe qu’ils peuvent et qu’ils doivent revenir à l’équilibre. Une entreprise de presse en pertes s’expose à la perte d’indépendance, critère essentiel de la bonne conduite de sa mission d’intérêt public.
Au cours du débat, Francette Florimond, toujours en véritable leader a affirmé avoir autour d’elle un représentant de chaque « caste », c’est son terme, « un noir, un béké, un blanc ». S’en amusant, c’est son droit, d’un équilibre parfait d’auto-équilibre. Ça nous rappelle le titre de Béatrice Bantman, pour le journal Libération « Sur les traces du commerce triangulaire. Martinique, terre de castes. Les descendants des colons sont restés les maîtres. Dans les affaires et dans les têtes ».
La question est de fait légitime de savoir qui mène la danse dans son tour de table de partenaires économiques pour développer une presse économique de qualité en Martinique ? Il faut lire Francette Florimond pour apporter réponse à une telle interrogation. La journaliste a un ton libre et d’apparence indépendant.
C’est ainsi que vous pouvez par exemple, lire dans son éditorial de juin 2021 dans Inter entreprises, le N°173, plus exactement : « Être en harmonie avec tous les vivants : voilà ce que ne fait pas le capitalisme, qui est entré dans phase autodestructrice. Parce qu’il a comme socle les inégalités qui seraient, selon ses défenseurs, le gage de son efficacité ; parce qu’il privilégie l’actionnaire au détriment des autres acteurs économiques, dont les salariés, le capitalisme arrive à son point de bascule » .
Des exemples ? Elle cite entre autres le process industriel de la Sar, parfait selon elle pour les actionnaires et les collectivités par temps calme et qui deviendrait néfaste pour les plus faibles à la moindre bise.
Le lecteur de la presse économique est différent du lecteur de la presse tout court. Il est très informé et en sait souvent plus que les journalistes sur les sujets que ces derniers sont amenés à traiter. Il attend donc du journaliste économique qu’il soit précis et crédible. La crédibilité se construit peu à peu. Pour Francette Florimond, le lecteur économique martiniquais « a été désorienté » d’où ce désintérêt pour une presse économique locale. Un peu facile non ? Surtout quand il n’existe pas pléthore de journaux économiques locaux dignes de ce nom. Et qu’en est-il des entreprises martiniquaises ? La journaliste répond à la question d’un chef d’entreprise présent. Selon elle la crise actuelle fait que ce ne sont plus que 40 entreprises locales qui font réellement l’économie. « Donc il en faut plus ». Et surtout qu’elles se « réapproprient », précise la journaliste, cette économie pour créer de la valeur, de l’organisation.
Francette Florimond, qui ne perd jamais l’occasion de vendre son own business, sa propre affaire, termine sur son dernier livre soulignant « c’est la raison pour laquelle je viens de sortir un livre intitulé Je suis l’avenir et je n’ai pas le droit de fuir ». Voulant ainsi apporter un socle d’informations, pour permettre de mieux appréhender les mutations qui se sont opérées pendant le premier confinement pour mieux faire face « à ce qui est entrain de s’écrouler sous nos yeux ».