Alors que certains observateurs mondiaux ont les yeux rivés, à juste titre sur la Russie, l'Ukraine et Israël, à Goma en République démocratique du Congo, les rebelles du M23 imposent leur loi.
Dans l’est du pays, dix jours après avoir pris le contrôle de Goma dévastée par des décennies de guerre, le mouvement soutenu par le Rwanda réorganise la ville à sa manière.
Les combattants du M23 alliés à des troupes rwandaises sont entrés vendredi dans Bukavu, après avoir pris le contrôle de l’aéroport de cette grande ville de l’Est de la RDC, le président congolais renonçant à participer au sommet de l’Union africaine ce week-end en Éthiopie. Après s’être emparés fin janvier, au terme d’une offensive éclair, de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, les combattants du groupe armé antigouvernemental M23 («Mouvement du 23 mars») et les soldats rwandais ont poursuivi leur avancée dans la province voisine du Sud-Kivu.
Les déplacés des sites de Bulengo et de 8e CEPAC, connus sous le nom de "Kimachine", à l’ouest de Goma, ont reçu un ultimatum de 72 heures pour quitter les camps où ils avaient trouvé refuge. Cet ultimatum, imposé par les rebelles du M23 le dimanche 9 février, a expiré mardi 11 février dernier.
Cette décision a suscité l’inquiétude parmi les déplacés, dont beaucoup viennent des territoires de Masisi (Nord-Kivu) et de Kalehe, au Sud-Kivu.
Face à cet ultimatum lancé par les rebelles du M23, soutenus par l'armée rwandaise, un mouvement de départ, encore timide, a été observé ce lundi 10 février à Bulengo. Par crainte, certains occupants ont commencé à démolir eux-mêmes leurs abris de fortune. Cependant, ce retour s’effectue sans aucun soutien logistique, contraignant chaque déplacé à se débrouiller par ses propres moyens.
Selon une source sécuritaire, FARDC et troupes burundaises déployées dans la région en soutien à Kinshasa se sont majoritairement repliés vers le sud-est de Bukavu en direction de la frontière avec le Burundi. Cette frontière a été brièvement fermée jeudi après-midi aux Congolais fuyant Goma et Bukavu, selon plusieurs sources locales. La chute imminente de Bukavu, déjà tombée en 2004 aux mains de soldats dissidents de l’armée congolaise, donnerait au M23 et aux troupes rwandaises le contrôle total du Lac Kivu, qui s’étire le long de la frontière rwandaise.