Pédiatre et nutritionniste, Serge Châlons était aussi un militant très engagé dans la lutte contre l'empoisonnement à la Chlordécone. Au lendemain de son décès, les hommages se multiplient.
Pour Serge Chalons, quelques mots de gratitude par Patrick Chesneau (Journaliste, ancien rédacteur en chef adjoint à ATV Martinique)
En apprenant sa disparition, bien trop abrupte, il me souvient que nous avons toujours entretenu des relations fructueuses et confiantes. Respectueuses et amicales. Chaque interview en radio puis en télé était, après coup, l'occasion de longues conversations fort éclairantes. Nous devisions sur les grandes problématiques d'un monde coutûré par les discriminations et déchiré par l'iniquité. Médecins du Monde Antilles, la médecine, la nécessité de la pédiatrie, surtout là où règne la misère, les impératifs de la nutrition comme vecteur de santé publique, en somme les exigences de l'humanitaire, la géopolitique, la soif inextinguible de culture, l'éveil inlassable à la politique dont le seul objectif assigné est l'émancipation de chaque échantillon d'humanité, chaque parcelle de noblesse. Le legs de l'esclavage, les voies de la construction d'une identité irréfragable pour chaque peuple surgi de la nuit et de l'abomination de la colonisation, la Martinique, la Caraïbe, Haïti, l'Afrique du Sud composaient notre géographie cordiale en partage. Autant de sujets qui rehaussaient le menu varié de nos échanges impromptus mais en définitive très circonstanciés. Nous avions pour habitude de célébrer les vertus de la démocratie et de la liberté sur tous les continents, quels que soient les écarts de fuseaux horaires. Nous prenions au sérieux les tourments de la planète. Il démontrait une âme bien trempée. Cela peut paraître pompeux de le dire ainsi mais notre engagement professionnel était au service de tous les peuples, proches ou lointains. Je m'entendais bien avec lui. J'appréciais sa tolérance en même temps que la force de ses convictions, sa détermination, son pragmatisme. Ses nombreux voyages, ses missions consolidaient son expérience de vie. Sa hauteur de vue emportait souvent mon adhésion sans réserve aux causes qui l'animaient. Je partageais beaucoup de ses enthousiasmes. Et lui me faisait confiance en tant que journaliste. Notre relation au fil des quarante dernières années était ample et dense.
Serge, tu continues ton périple terrestre par d'autres chemins. Tu as désormais en ligne de mire d'autres horizons. Ton idéal de justice et tes valeurs intrinsèquement humanistes te guideront.
Au nom de toutes ces années passées à te cotoyer ça et là, par intermittence régulière, j'accuse peine et tristesse.
A t'écouter, j'ai bien compris que l'humain devait irradier tout parcours, même militant. Nous avons échangé d'abondance. J'ai beaucoup appris de toi.
Mon amitié se poursuit par-delà les vicissitudes de la vie quand elle s'interrompt.
Bon voyage céleste.
"Le Dr Châlons était plus qu'une médecin", souligne Serge Letchimy
Dans un communiqué publié ce dimanche matin. "En tant que pédiatre, médecin de santé publique et praticien de médecine énergétique, il a consacré sa vie à améliorer la santé et le bien-être de notre population."
Le président du conseil exécutif rend hommage au professionnel de santé et à l'homme engagé en saluant "un grand militant de la fraternité, de la paix et des droits de l'homme."
Son militantisme est salué par Philippe Pierre-Charles
Dans un communiqué le porte parole de Matinik Doubout et de Lyannaj Pou Dépolye Matinik rend ainsi hommage : "Son dernier combat avec nous, contre le chlordécone, pour la vérité, la justice, les réparations ne l'a jamais détourné du devoir de mémoire envers nos ancêtres esclavisé.es, de la proximité avec nos sœurs d'Haïti et de la Caraïbe en général."