Le journalisme est une exigence. La complaisance ne peut être une consigne.
La rédaction de Radio Caraïbe International (RCI), la radio locale la plus écoutée en Guadeloupe, a confirmé ce dimanche 10 décembre la mise à l’écart de la journaliste Barbara Olivier-Zandronis, qui présentait jusqu’alors le journal de 13 heures. Une décision dénoncée par une grande partie de la classe politique. Elle fait suite à un entretien, vendredi 8, avec le président du Rassemblement national Jordan Bardella.
Inacceptable, révoltant, inadmissible.
Aucun journaliste n'est astreint à la complaisance sur commande. Non à la langue de bois et aux questions sciemment convenues. Tout intervieweur se doit de tendre vers un questionnement courtois mais pugnace. Voire percutant dès lors que l'invité a toute latitude pour répondre et s'exprimer à sa guise. Mon avis personnel est que Jordan Bardella s'est révélé insuffisant sur le fond et inconvenant dans la forme.
Incapable à plusieurs reprises d'une réponse circonstanciée et éclairante qui soit dénuée d'ambiguité, il a réagi en interprétant toute question précise comme une agression à son endroit. Technique usuelle quand le but circonstanciel est d'éluder et de noyer le poisson. Le patron du RN a tenté de conflictualiser l'entretien pour masquer ses non-réponses. Barbara Olivier-Zandronis a choisi de s'en tenir à un questionnement sans concession. Avec persistance mais sans brutalité. Cela l'honore. Pour le plus grand bien des auditeurs et de la qualité de l'information à laquelle ils ont droit. Elle n'a aucunement été insolente, malséante ou malveillante. Pousser un responsable politique dans ses retranchements, comme on dit trivialement, pratiquer le droit de suite dans les questions, mettre à nu les éventuelles contradictions et incohérences de l'interlocuteur public est une démarche de rigueur quand le cadre est celui du journalisme professionnel. Aucune malhonnêteté intellectuelle. Aucun coup bas de la part de la journaliste incriminée par les patrons de la radio qui l'emploie. Aucune sortie de route par manque de professionnalisme.
Il faut donc contraindre la direction de RCI Guadeloupe à s'expliquer. Quitte à entamer une confrontation sur le plan des arguments avec les dirigeants de cette station qui se targue pourtant de tourner le dos au journalisme-carpette. Celui des accomodements, des petits arrangements et des renoncements. Ce serait inévitablement au détriment de la seule information. La direction de RCI Guadeloupe doit reconnaitre sa mauvaise appréciation de la situation. Qui se traduit en conséquence par une erreur manifeste de management.
Il lui faut revenir sur sa décision injustifiée. Et rétablir Barbara Olivier-Zandronis dans tous ses droits professionnels. Puisque c'est son métier, elle doit retrouver son libre exercice de l'antenne. C'est la moindre des honnêtetés dont la direction de RCI Guadeloupe doit faire preuve à l'égard de ses auditeurs et de l'ensemble des guadeloupéens.
Soutien résolu à Barbara Olivier-Zandronis. Le plein exercice de sa profession doit lui être reconnu. Notamment, elle doit retrouver la fonction de présentatrice qui était la sienne à l'antenne de RCI Guadeloupe.
Patrick Jean-Pierre
Patrick Chesneau
Anciens journalistes en Outre-mer.