Après sept année dans une situation délicate, la Société Industrielle de Recyclage et de Production (SIDREP) a finalement été liquidée le 28 novembre. Elle avait prévu de réduire en granules et en paillettes 4.500 tonnes de bouteilles en plastique chaque année. Malheureusement, seules 1.250 tonnes ont été réduites en sept ans. Que s’est-il passé ?
Pour recycler le plastique, la seule usine spécialisée dans le recyclage de bouteilles plastiques en PET des Antilles françaises, située en Martinique, disposait de deux lignes. La première permettait de laver 600 kilos de bouteilles en plastique par heure puis des les transformer en paillettes de PET (PET recyclé). La deuxième utilisait ensuite les paillettes pour en faire des granulés stériles.
La SIDREP avait accès aux marchés des Caraïbes pour revendre les produits transformés mais c’est la matière première qui a posé le plus de problème.
Christian Torres, le dirigeant de l’entreprise remet en cause la mauvaise collecte des déchets plastiques. Dans des propos rapportés par France-Antilles Guadeloupe, il explique : « La difficulté, c’est que nous n’avons jamais eu la matière première suffisante pour faire tourner l’usine. Tous les ans, 6 000 tonnes de bouteilles sont jetées à l’usine d’incinération. Il nous en fallait 4 000, il y avait largement de quoi faire ».
« Depuis plus de quatre ans, j’alerte sur le mauvais résultat que donne la collecte sélective dans les départements d’Outre-mer : la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane aussi ».
Selon lui, seuls environ 10 % de plastiques sont collectés en Martinique contre 55 % en France métropolitaine, pourtant assez mauvaise élève. Cela représente environ 14.000 tonnes de plastique jetés chaque année. Pour rappel, c’est l’éco-organisme Citéo qui est en charge d’organiser la collecte sur le territoire et Christian Torres pointe clairement sa responsabilité dans ce fiasco.
Cette usine de recyclage de bouteilles en plastique, ouverte en 2014, avait eu recours à un investissement de 11 millions d’euros dont 6 millions provenaient de la région mais aussi des fonds européens. Mais les quantités de matières premières étant insuffisantes, il était très difficile pour l’entreprise d’augmenter de façon significative la performance. À la création de SIDREP, 800 tonnes de plastique étaient recyclées en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane. L’entreprise a su atteindre les 1.200 tonnes. Toutefois, cela n’était pas suffisant.
La Sidrep a cherché d’autres solutions. Elle avait même été suivie par le préfet de Martinique et la Collectivité Territoriale de l’île sans succès. En 2018, les dirigeants avaient pensé collecter les bouteilles en plastique de l’île voisine de Sainte Lucie. Mais cela n’aurait probablement pas suffit. L’entreprise perdait 600.000 euros par an. Pour Christian Torres, la liquidation semblait être la seule issue possible.
En Martinique, la production de déchets est estimée à 280.000 tonnes par an soit plus de 650 kilos par Martiniquais. Le tri se développe doucement de 2 à 3 % par an. Les collectivités locales travaillent à l’amélioration du tri et de la collecte.
Par ailleurs, en Guadeloupe, les bacs de tri ne sont pas automatiquement distribués aux habitants. Ce n’est qu’en août 2019, que les habitants de l’agglomération de la Riviera du Levant ont reçu des poubelles de tri. En Guyane, le tri des déchets n’a réellement débuté qu’en 2016.
Dans le futur, la consigne pourrait être un système plus astucieux afin de recycler davantage de plastique.
À Fort-de-France, un kiosque de recyclage automatique a récemment était installé. Le Solarcub a récolté plus d’un millier de bouteilles par jour durant ses premiers tests. Des bouteilles qu’il compacte ensuite en petits cubes. En échange, la machine offre un bon d’achat de deux centimes d’euros. Il est donc possible de gagner 1 euros en recyclant cinquante bouteilles en plastique.
Un premier pas vers une hausse de la collecte, mais trop tard pour l’usine SIDREP… Alors que vont devenir ces déchets à présent ?