Depuis la fin officielle de la colonisation, les stéréotypes demeurent.
Quand je suis tombé sur ces photos, j'ai bondi. Et je vous explique pourquoi à travers ce post de Aphtal Cisse, Togolais de nationalité, citoyen du monde par nature et juriste de formation.
"La colonisation s’appuyait sur une logique assez simple. Le Blanc est supérieur, il domestique le noir. Il apporte la civilisation à celui-ci qui serait un barbare, un non-être qui a besoin d’être civilisé pour entrer dans l’humanité. C’est sur ce principe de l’infériorité du noir et de la supériorité du Blanc que les relations entre ces deux races se sont construites au fil du temps. Pas surpris qu’après la fin officielle de la colonisation, le complexe d’infériorité soit de plus en plus présent chez le Noir et colonisé d’hier. Il se traduit de plusieurs manières dans notre environnement.
Dans les domiciles, à l’école ou dans un bar, ce complexe s’exprime et est mis en pratique par les Noirs. Dans les domiciles par exemple, lorsque tu fais quelque chose de bien, de nouveau on te demande si tu es devenu un Blanc. C’est à croire qu’un certain privilège appartenait exclusivement aux Blancs. Lorsque quelqu’un arrive au village avec une voiture, des denrées et autres, les populations le qualifient de Blanc. S’en suivent des attitudes de soumission, de révérence envers ces « évolués » qui représentent les Blancs. Le champ lexical du Blanc dans les discours populaires est assez évocateur dans ce sens. On entend très souvent des gens dire « c’est un Blanc norrr ! », « il fait comme les Blancs », « il est en France ici »...
Dans cette logique, les Noirs dans notre environnement le plus proche, même s’ils ne se rendent pas compte, voient toujours en ces Blancs, des grands messieurs, des individus supérieurs ou quelque chose de la sorte. Ils seraient des supers hommes qui, selon certains, ne « chient » jamais et font toujours de grandes choses. C’est l’une des raisons pour lesquelles, la présence des Blancs suscite toujours tant de curiosité pour les noirs. En effet, ces derniers, par admiration sublime ou par haine, sont toujours hypnotisés par des Blancs qui se présentent autour d’eux. Quelqu’un qui a une copine de couleur blanche est alors considéré comme un extra-terrestre.
Dans ce sens, les différents lieux de socialisation que sont les écoles, les bars et autres lieux permettent aux individus de mettre en pratique cette autodérision et de l’entretenir. Entre camarades, à l’école par exemple, lorsque vous mettez une belle chaussure, une nouvelle hein, dernière sortie, vous vous faites appeler le Blanc. Si vous vous distinguez par une propreté hors norme, on vous qualifie de Blanc. C’est également le cas, dans un bar. Généralement, tout le monde consomme peut-être l’alcool (la bière) mais si vous vous distinguez en prenant une bouteille d’eau, vous êtes très vite identifiés à un Blanc.
Ces discours récurrents traduisent la réalité selon laquelle le complexe d’infériorité est encore présent dans l’esprit des uns et des autres en Afrique. A travers ces discours, ils se dévalorisent devant les Blancs. Ils estiment toujours que la grandeur, la réussite, l’honneur s’identifient au Blanc plus qu’à tout autre personne.
Il est urgent pour les Africains qui veulent sans doute rompre avec la Françafrique et le néocolonialisme de commencer par rompre avec ce complexe d’infériorité, cette autodérision qui les anime depuis la fin officielle de la colonisation. Cela passe par une prise en considération de l’autre comme un être singulier, différent. Ni supérieur encore moins inférieur mais simplement autre.
Babeth : « Nous sommes plus impressionnants en restant égaux à nous-même, assumant notre différence, notre histoire plutôt qu’en jouant des rôles. Pour gagner le respect des autres, il faut commencer par se respecter soi même... Vous ne croyez pas ? »
Ne vous plaignez pas d’être considérés comme moins que rien chez les blancs, si, dans votre propre pays, vous vous comportez comme tels, en leur érigeant un podium que plus de la moitié ne mérite certainement pas ! Quoi ? Il n’y a pas de mendiants ou de clochards en France ? En tout cas, nul n’est prophète chez soi, mais je refuse d’être lésé par mon propre frère, dans mon propre pays, au profit d’un blanc, qui vaut peut-être moins que moi."