Dans son dernier baromètre, publié lundi, Santé publique France indique que les jeunes adultes, âgés de 18 à 24 ans, sont les plus touchés par les idées suicidaires et tentative de suicide. Une situation qui découle notamment de la crise sanitaire du Covid-19.
Ce lundi 5 février, Santé publique France dévoile son dernier baromètre sur les pensées suicidaires et tentatives de suicide. SPF met l'accent sur une nette augmentation depuis la crise sanitaire du Covid-19, et une détérioration de la santé mentale des 18-24 ans. Santé Publique France s'inquiète de la prévalence des tentatives de suicide et idées suicidaires chez les plus jeunes. Pour les 18-24 ans, les pensées suicidaires au cours de l'année écoulée ont été multipliées par deux entre 2014 et 2021, passant alors de 3,3% à 7,2%. En 2017, 6,1% des plus jeunes déclaraient avoir fait une tentative de suicide au cours de leur vie, ils étaient 9,2% en 2021.
Santé publique France note un « impact important de l'épidémie de Covid-19 sur la santé mentale de la population » et fait le « constat d'une détérioration plus importante de la santé mentale des plus jeunes à la suite de la pandémie de Covid-19 ». Ces pensées suicidaires et tentatives de suicide en hausse « constituent un changement important puisqu'elles étaient inférieures ou comparables aux autres tranches d'âge de la population dans les baromètres santé qui ont précédé la pandémie de Covid-19 », rappelle l'agence de santé publique.
Les personnes sans emploi sont les plus touchées
Ce baromètre montre également que les jeunes femmes sont celles qui reconnaissent le plus d'idées suicidaires (4,8% en 2021 contre 3,5% pour les hommes), même si les hommes restent les premières victimes : en France, 75% des morts par suicide sont des hommes.
Autre enseignement de l'enquête : d'autres catégories, comme les personnes vulnérables sur le plan socio-économique, sans baccalauréat, celles vivant seules ou élevant seules leurs enfants, sont davantage touchées par les gestes et idées suicidaires.
Vers un meilleur suivi après la sortie de l'hôpital ?
Santé publique France pose une limite à son baromètre : les adolescents. Ils n'ont pas été interrogés, alors que « l'enquête sur la santé et les consommations lors de l'appel de préparation à la défense (Escapad) menée auprès de tous les jeunes de 17 ans montre une forte hausse des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois (18% des jeunes en 2022, contre 11,4% en 2017) ».
Santé Publique France appelle à renforcer les politiques de prévention du suicide, mais aussi a mettre en place un meilleur suivi des personnes qui ont fait une tentative et qui sortent de l'hôpital, ce qui permet de réduire les risques de récidive. L'agence de santé publique rappelle que la France présente au sein des pays européens un des taux de suicide les plus élevés avec 8.666 décès en 2017. À l'échelle mondiale, plus de 1% des personnes qui se suicident sont françaises.
En 2021, le Baromètre de Santé publique France a interrogé un échantillon aléatoire de 24 514 personnes âgées de 18 à 85 ans résidant en France métropolitaine et 6 519 résidant dans les départements et régions d’outre-mer (DROM) par collecte assistée par téléphone et informatique (Cati). Les variables d’intérêt de cette étude sont les pensées suicidaires et les tentatives de suicide au cours des 12 derniers mois, ainsi que les tentatives de suicide au cours de la vie. Les évolutions des prévalences ont été établies sur les 18-75 ans grâce aux baromètres santé 2000, 2005, 2010, 2014, 2017, 2020 et 2021 dont la méthodologie était comparable.