La Fondation Abbé-Pierre dénonce les loyers trop élevés pour permettre aux jeunes adultes de quitter le foyer familial. Selon elle, 1,3 million de jeunes salariés continuent ainsi d’habiter chez leurs parents, notamment à cause des salaires souvent trop bas.
Selon une enquête de la Fondation Abbé Pierre (FAP), 4 920 000 jeunes sont hébergés par leurs parents en France, soit 250 000 de plus qu'en 2015, date de la dernière enquête parue sur le sujet (publiée à partir des chiffres de 2013). Le phénomène des « Tanguy » (en référence au film Tanguy d'Étienne Chatilliez) peut faire sourire, mais il est surtout révélateur de la crise du logement qui touche les grosses agglomérations. La Fondation Abbé Pierre s'est basée sur la dernière enquête nationale du logement (ENL), qui date de 2020. Les chiffres n'intègrent donc pas les effets du Covid-19, de l'inflation ou encore de l'évolution des taux d'intérêt. Elle pointe en outre « des retards de l'administration » et dénonce « une véritable précarité statistique qui contribue à invisibiliser un phénomène inquiétant ».
Plus d’hommes que de femmes «Tanguy»
Mais elle est aussi un «signal supplémentaire (...) de la gravité de la crise du logement des jeunes», poursuit-elle en appelant à «des politiques du logement plus volontaristes, en particulier en direction des jeunes précaires». Outre 2,4 millions d'étudiants, 1,3 million de jeunes salariés continuent ainsi d'habiter chez leurs parents, ce qui «peut refléter des salaires trop bas et des niveaux de loyer trop élevés ou des logements sociaux trop rares pour pouvoir décohabiter», selon la Fondation. Le nombre de chômeurs vivant chez leurs parents a lui diminué de 32,2%, à 588.000, du fait de la baisse du chômage des jeunes sur la période.
À noter que les jeunes hommes sont bien plus nombreux (2,8 millions) que les femmes (2,1 millions), une différence qui n'est «pas nouvelle», et qui s'explique entre autres «par une mise en couple plus précoce des jeunes femmes, dans des relations où la femme est en moyenne plus jeune que son conjoint», note la FAP. Environ 600.000 (+15%) personnes sont par ailleurs hébergées par des tiers (amis, cousins...) ou chez leurs propres enfants.