Le deuxième décret de l'abolition de l'esclavage en France a été signé le 27 avril 1848 par le Gouvernement provisoire de la Deuxième République. 46 ans après le rétablissement de l'esclavage par Napoléon, il est adopté sous l'impulsion de Victor Schœlcher.
En France, sur le royaume de France continental, l'esclavage est aboli par Louis X en 1315 via l'édit du 3 juillet 1315, qui affirme que « selon le droit de nature, chacun doit naître franc » et que « par tout notre royaume les serviteurs seront amenés à franchise ». À la suite de cet édit, tout esclave qui pose le pied dans le Royaume est automatiquement affranchi.
Mais bien plus tard, en 1642, le roi Louis XIII autorise officiellement la traite des noirs, uniquement dans les Antilles françaises (mais pas en métropole). Et en 1671, son fils Louis XIV autorise spécifiquement le commerce triangulaire, permettant aux ports de Bordeaux, Nantes et La Rochelle de pratiquer le commerce d'esclaves à destination des colonies. Cette traite négrière ne remettait pas en cause l'édit relatif à l'esclavage en métropole.
Ce principe du « Privilège de la Terre de France » est cependant battu en brèche dès le XXVIIIe siècle : en effet, les planteurs ne s'accommodent pas d'une jurisprudence permettant l'affranchissement des esclaves débarquant en métropole. Après plusieurs actions de lobbying, des déclarations sont promulguées en 1716, 1738 et 1777. Ces déclarations autorisent les propriétaires à amener des esclaves en France métropolitaine : ces esclaves gardent ce statut si le propriétaire s'est soumis en amont à une série d'obligations administratives (paiement d'une taxe, enregistrement auprès des Amirautés…).
À la suite de la révolte des esclaves de Saint-Domingue, Haïti devient le premier État à abolir officiellement l'esclavage sur son sol.
À l'occasion de la commémoration de l'abolition de l'esclavage qui s'est déroulée à La Rochelle, ce vendredi 10 mai, la statue de l'artiste haïtien Woodly Caymitte, intitulée "Clarisse, nourrice esclave", a été inaugurée en présence du Premier ministre Gabriel Attal et de Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage.
Érigée sur le front de mer, le long de l'allée Aimé Césaire, cette œuvre monumentale de deux mètres de haut, faite de bronze, a été commandée par la ville de La Rochelle en mémoire aux femmes noires esclaves nourricières et du passé esclavagiste de la ville.
Clarisse, nourrice et esclavage affranchie
La statue représente une femme noire, pauvrement vêtue, nourrissant au sein un petit garçon blanc, visiblement potelé et bien portant. À ses pieds, son fils en pleurs semble, lui, réclamer sa mère.
Pour réaliser cette sculpture, Woodly Caymitte, alias Filipo, s'est inspiré de l'histoire d'une ancienne esclave prénommée "Clarisse". Selon la ville de La Rochelle, Clarisse aurait été achetée à Léogâne, une ville de Saint-Domingue (actuelle Haïti) et amenée à La Rochelle par son maître. En effet, à cette époque, les nourrices étaient choisies parmi les jeunes femmes esclaves devenues mères et allaitantes.
En 1793, après avoir sollicité le Conseil Général de la commune, Clarisse est finalement déclarée "au nom de la Loi" comme "une citoyenne entièrement libre", jouissant "des mêmes droits que les citoyennes de la République française". Cette décision fait suite à l'abolition de l'esclavage dans la colonie française de Saint-Domingue la même année, qui, en 1804 proclamera son indépendance avant de prendre le nom d'Haïti.