Alors qu’il balaye l’océan Indien depuis plusieurs jours et a fait sept morts lors de son passage à Madagascar, le cyclone tropical Freddy s’est considérablement affaibli avant de toucher terre au Mozambique vendredi 24 février sous la forme d’une tempête tropicale.
Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le système a ralenti et s’est renforcé dans le canal.
« Le cyclone tropical Freddy, l’un des systèmes les plus durables de l’hémisphère sud, a frappé Madagascar avec des vents violents et une mer haute et menace maintenant le Mozambique avec des niveaux de précipitations dangereux et exceptionnels », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Clare Nullis, porte-parole de l’OMM.
L’agence onusienne basée à Genève explique que Freddy a capté de l’énergie et de l’humidité au-dessus du canal du Mozambique en quittant Madagascar.
« Il devrait toucher terre au Mozambique sous la forme d’une forte tempête tropicale le vendredi 24 à midi, probablement entre Beira et Inhambane », a précisé Mme Nullis.
L’OMM fait état d’un « risque », avec des mois de précipitations tombant en l’espace de quelques jours. Un scénario qui pourrait provoquer « des inondations généralisées dans une région où les sols sont déjà saturés et où le niveau des bassins fluviaux est élevé en raison de pluies saisonnières exceptionnellement abondantes ».
Le Centre météo régional spécialisé de l’OMM à La Réunion (Météo-France) s’attend à des pluies intenses au sud de Beira, notamment dans la province d’Inhambane, s’étendant rapidement à l’intérieur des terres (province de Gaza) avec des cumuls dépassant 200 à 300 mm et localement 400 mm en 72h.
De son côté, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) a averti que « la confluence de multiples menaces aggrave la situation humanitaire au Mozambique ».
L’Institut national mozambicain de gestion des catastrophes estime que les inondations dans le centre et le sud du Mozambique - notamment après l’arrivée du cyclone Freddy - pourraient toucher jusqu’à 1,75 million de personnes.
Le cyclone Freddy, qui a provoqué des intempéries à l’île de la Réunion avant de toucher Madagascar, puis le Mozambique actuellement, a connu une durée de vie exceptionnelle, une puissance record ainsi que l’une des plus longues distances jamais parcourues dans l’océan Indien.
« Freddy est exceptionnel en raison de la longue distance qu’il a parcourue et de sa longévité », a détaillé la porte-parole de l’OMM, rappelant qu’il s’est développé le 6 février au large des côtes du nord-ouest de l’Australie et a touché des nations insulaires, dont Maurice et La Réunion, au cours de son long voyage à travers tout le sud de l’océan Indien.
Si ce type de trajectoire super zonale est très rare, les dégâts pourront se répercuter dans plusieurs pays de l’Afrique australe.
Au sud-est du Zimbabwe (et peut-être l’extrême nord-est de l’Afrique du Sud), des précipitations intenses à partir de samedi, dépassant 100-200 mm en 24h et localement 300 mm en 48h, pourraient provoquer de « graves inondations ».
« Le service météorologique sud-africain a mis en garde contre des [inondations importantes et généralisées], dont les effets pourraient être [catastrophiques, prolongés et graves] », a fait valoir Mme Nullis, ajoutant que cette alerte fait suite aux importantes inondations survenues dans le nord de l’Afrique du Sud au cours des dernières semaines, notamment dans le célèbre parc national Kruger.
Par ailleurs, le passage éclair de Freddy sur la grande île n’aura pas été sans conséquence. Le dernier bilan des autorités malgaches, repris par le Programme alimentaire mondial (PAM), fait état de 7 morts alors que plus de 78.000 personnes, représentant plus de 20.000 foyers, ont été affectées par le cyclone.
Au total, 7 régions ont été concernées par le cyclone Freddy et plus de 20.000 personnes ont été déplacées.
« Mais, plus important encore, les alertes précoces ont conduit à une action précoce efficace. Les évacuations massives du bord de mer ont permis de limiter les pertes en vies humaines », a toutefois conclu la porte-parole de l’OMM.