Au Népal, une croyance traditionnelle oblige les filles et les femmes de fuir leurs foyers pendant leurs règles, jugées impures. Elles sont forcées d'aller dans des huttes qu'elles partagent. C'est le respect au pied de la lettre de la tradition hindoue du Chhaupadi, qui force les femmes menstruées à l'isolement et à la violence, sous couvert de tradition et de religion. Cette tradition vieille de plusieurs centaines d’années se pratique principalement dans les villages de montagne dans l’ouest du Népal. Les femmes sont considérées comme porteuses de malchance pendant leurs règles, et ne sont pas autorisées à dormir dans leur maison. Elles vivent donc dans une cabane faite de boue et de bois et n’ont pas le droit de toucher les symboles religieux, le lait ou le bétail. Ces conditions très précaires mènent régulièrement à des morts, liées à des morsures de serpent, au froid, ou à des infections.
Dans certaines régions du Népal, les femmes venant tout juste d'accoucher doivent passer jusqu'à un mois dans la hutte bâtie à l'extérieur de la maison, aussi appelée «chhau goth». Officiellement, la chhaupadi est interdite depuis une décennie, déclarée illégale par la Cour suprême du Népal en 2005. Mais la pratique perdure au nez et à la barbe des autorités.
Pourtant des femmes s'organisent pour lutter contre « cette pauvreté périodique ». Après avoir travaillé pour une ONG au Népal, Claire s'y est installée pour éduquer les femmes. La tradition pousse les femmes à être isolées quand elles ont leurs périodes, parfois dans des conditions sanitaires médiocres.
Les règles, un tabou qui tue au Népal
En 2019, un évènement a secoué la tradition et est apparu comme une victoire pour les militants des droits des femmes dans le pays. En effet, pour avoir causé la mort de sa belle-sœur, un homme a été arrêté. La jeune femme avait été exclue de la maison familiale par son beau-frère, car elle avait ses règles. La Népalaise de 21 ans avait été contrainte de passer la nuit dans une cabane. Et pour se tenir chaud durant le rude hiver himalayen, elle a allumé un feu. L'inhalation de la fumée l'a tuée.
Conformément à la loi népalaise de 2018, qui condamne la pratique du chhaupadi, qui signifie je vous le rappelle « quelqu'un qui porte une impureté » et vise à exclure de leurs maisons les femmes en période de menstruation, le beau-frère risquait trois mois de prison et 3 000 roupies (23 euros) d'amende.
Le porte-parole du ministère népalais de l'Intérieur a déclaré que la mort de la jeune femme avait secoué le gouvernement, qui a lancé une campagne pour abolir le chhaupadi. Les avocats et policiers de la région ont été chargés d'informer à nouveau les communautés qui le pratiquent de son interdiction et des risques encourus si la loi n'était pas respectée.
Car, même si la tradition est interdite depuis 2005 et considérée comme une «honte nationale», beaucoup de ceux qui la pratiquent n'ont pas l'air pressés de la voir disparaître.
La nouvelle de la mort de cette jeune népalaise est arrivée aux oreilles des militants et des médias, qui ont supplié la police d'intervenir. Celle-ci n'a pas voulu obtempérer. Selon les agents locaux, personne ne s'était plaint des conditions du décès de la jeune femme dans le village, il n'y avait donc pas de quoi enquêter. Ce sont les autorités nationales qui ont repris l'affaire et procédé à l'arrestation du beau-frère. « La police ne fait qu'ajouter de la douleur à notre tristesse, a déclaré au New York Times Krishna Budha, le chef du village. Elle est entrée dans la cabane d'elle-même, elle respectait nos coutumes ».
Une étude, publiée il y a 4 ans dans le journal Sexual and Reproductive Health Matters montrait que malgré l'interdiction, 77 % des filles âgées de 14 à 19 ans pratiquaient le chaupadi.