Alors qu'Haïti est en proie à la violence des gangs, les Nations Unies ont annoncé la mise en place d’un pont aérien entre ce pays et la République dominicaine voisine afin de fluidifier l’acheminement de l’aide humanitaire.
« Ce pont aérien assurera la fluidité de l’acheminement de l’aide humanitaire et de l’appui à Haïti, et facilitera les mouvements de notre personnel à l’intérieur et à l’extérieur du pays », a assuré dans un communiqué, Mathias Gillmann, le porte-parole du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH).
L’ONU justifie ce recours par les « défis logistiques de plus en plus complexes que représentent les déplacements depuis et vers Haïti ».
Cette annonce intervient alors que le Premier ministre haïtien Ariel Henry a accepté lundi de démissionner.
Depuis plusieurs semaines, la capitale haïtienne Port-au-Prince s’enfonce dans les violences liées aux gangs. La capitale est le théâtre d’affrontements entre policiers et bandes armées, qui s’en prennent à des sites stratégiques comme le palais présidentiel, des commissariats et des prisons.
Sur le terrain, l’ONU indique être avec des équipes prêtes à continuer à apporter leur soutien au peuple haïtien. « Nous reconfigurons notre présence tout en restant pleinement engagés », a dit M. Gillmann.
En attendant, le Bureau de l'ONU a précisé qu’une partie du personnel allait être réinstallée temporairement « à l’extérieur » d’Haïti. Dans le même temps, « d’autres personnels de crise et humanitaires viendront renforcer notre présence dans le pays », a ajouté l’ONU, indiquant « explorer toutes les options » pour soutenir le personnel national qui s’efforce de fournir une aide humanitaire vitale à la population d’Haïti dans « des conditions extrêmement difficiles ».
Sur place, les agences onusiennes continuent de s’inquiéter de l’impact continu de la violence sur les civils et la capacité des humanitaires à fournir de l’aide. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), plus de 400 incidents entravant l’accès ont été enregistrés à travers le pays depuis le début de l’année 2024, dont plus de 70 entre le 1er et le 7 mars dernier.
« Cette situation est due à des violences actives, notamment dans les communes de Carrefour, Port-au-Prince et Cité Soleil », a détaillé l’OCHA dans son dernier rapport de situation. Au cours de la semaine écoulée, les agences humanitaires onusiennes ont fait état de contraintes d’accès, qui ont été liées à la fermeture de l’aéroport, des écoles et des établissements de santé dans la région métropolitaine de Port-au-Prince.
Dans ce climat d’insécurité, les mouvements de population se poursuivent. Selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), 362.000 personnes sont actuellement déplacées en Haïti, dont 15.000 personnes ont été nouvellement déplacées à Port-au-Prince. Plus de la moitié d’entre elles sont des enfants, un groupe particulièrement vulnérable.
Malgré tous ces défis, les humanitaires continuent d’apporter de l’aide aux personnes déplacées par les violences les plus récentes, tout en poursuivant leurs programmes réguliers dans d’autres départements d’Haïti. À ce jour, le Programme alimentaire mondial (PAM) a livré quelque 75.000 repas aux personnes déplacées par les récentes violences.
Pour rappel, quelque 5,5 millions de personnes - près de la moitié de la population - ont besoin d’une aide humanitaire en Haïti.
Par ailleurs, le premier navire a pu quitter hier Port-au-Prince depuis la fin du mois de février, et ce navire est parti pour le port de Miragoâne avec huit camions chargés de médicaments et de fournitures médicales pour le secteur de la santé dans le département du Grand Sud, qui se trouve dans le sud du pays. Cette cargaison est destinée à plus de 80 centres de santé de la région.
S’agissant du financement, l’appel humanitaire n’est financé qu’à hauteur de 3,2%, soit 21,6 millions de dollars sur un appel de fonds de 674 millions de dollars pour 2024.