Quand on écoute Florent Massouf, on est sous le charme. Sa passion et sa connaissance des crabes l'érigent en « expert » à seulement 13 ans. Et sa passion a commencé à la maternelle.
Une tradition en Martinique. Le Matoutou de crabe est un plat à base de riz qui se prépare longtemps à l’avance et se déguste le lundi de Pâques.
Mais pour Florent, c'est tout d'abord le crabe qui l'intéresse. Une approche passionnelle et scientifique qu'il partage avec notre correspondante en Martinique, Rubya Steel.
De formes et de modes de vie extraordinairement diversifiés, les crabes ont colonisé presque tous les océans et les terres du globe, y compris les milieux les plus inaccessibles ou les plus hostiles. Et bien des espèces restent à découvrir !
Presque 7 000 espèces de crabes sont recensées dans le monde. C'est plus que les mammifères (5 400 espèces), un peu moins que les oiseaux (10.000 espèces) mais beaucoup moins que les poissons (30 000 espèces) ou les mollusque (80 000 espèces ou plus) ! Ils ont colonisé presque tous les océans et les mers, depuis les eaux glacées de l'Arctique jusqu'aux tièdes lagons tropicaux, de la surface jusqu'aux abysses. Toutefois, ils sont absents des eaux antartiques.
Leur répartition à travers le monde est cependant loin d'être uniforme. Le nombre d'espèces augmente des pôles jusqu'aux Tropiques et la grande majorité des espèces connues provient de la région indo-ouest pacifique. Leur diversité est maximale à l'intérieur du fameux « triangle d'or de la biodiversité », que les biogéographes délimitent par l'île de Taïwan au nord, les îles Salomon à l'est et l'île de Sumatra à l'ouest. Et le nombre d'espèces s'amenuise progressivement en direction de l'est du Pacifique. La région de Singapour abrite à elle seule 400 espèces de crabes ! En comparaison, une bonne centaine habite les côtes de France.
Développant des trésors d'adaptations, certaines espèces vivent en association avec des coraux, des éponges ou des mollusques. D'autres creusent la vase des rivages ou viennent nager jusqu'en surface. Quelques espèces se cramponnent à des algues dérivantes, au milieu de l'océan, d'autres, sur le fond, résistent à des environnements toxiques, mortels pour quiconque !
Beaucoup d'espèces sont devenues terrestres, ne retournant en mer que pour faire éclore leurs œufs et libérer leurs larves. D'autres ont définitivement gagné les eaux douces - vivant dans les cascades, les torrents de montagne, les sous-bois humides -, jusqu'à 2 000 mètres d'altitude ! Certaines se cachent dans l'obscurité des grottes humides, d'autres s'enfouissent dans leurs terriers, au bord des déserts. Beaucoup d'espèces d'eau douce sont endémiques, localisées pour certaines à un archipel, voire même à une seule petite île.