Eliyahu a pris la responsabilité de construire un pont entre juifs, musulmans et chrétiens au cœur de Jérusalem.
À la porte orientale de la vieille ville de Jérusalem, s’étendent des cimetières juifs, chrétiens et musulmans. Dans un contexte d'extension territoriale et de réappropriation de sa capitale réunifiée, Israël cherche à investir l'espace des champs funéraires chrétiens et musulmans. A Jérusalem, juifs, chrétiens et musulmans veulent espérer ensemble leur futur. C'est ainsi qu'environ 200 fidèles des trois monothéismes ont marché ensemble pour la paix, l'égalité et la justice mercredi 10 mai 2023 à Jérusalem, dans un contexte de regain de tensions entre Israël et la bande de Gaza. La scène a laissé les passants bouche-bée. Imams, prêtres, pasteurs et rabbins (au masculin et au féminin pour les deux derniers), bras-dessus, bras-dessous dans la rue de Jaffa. Les badauds de cette artère vivante et commerçante de Jérusalem-Ouest n'ont pu s’empêcher de dégainer leur smartphone. Les Israéliens n’ont pas en effet l’habitude des évènements inter-religieux. Surtout qu’ils se déroulent rarement dans l’espace public.
Eliyahu quant à lui, a pris seul l'initiative de rassembler au delà des religions. Reportage
Pourquoi Jérusalem est une ville sainte pour 3 religions ?
A Jérusalem, les toits de la ville voient se côtoyer l'église du Saint-Sépulcre, le dôme du Rocher, la grande synagogue de Belz. Trois édifices pour trois religions. Trois religions qui ne cohabitent pas toujours en toute harmonie. Un paradoxe pour cette cité dont le nom signifie « ville de la paix » ou « la paix apparaîtra ».
Les juifs sont les premiers à remarquer les atouts géographiques de ce lieu. Le roi David décide d’y fonder sa cité au Xe siècle av. J.-C. Son fils Salomon a pour mission d’élever le premier temple de pierre sur la plus haute colline, en l’honneur du Dieu d’Israêl, Yahvé. Mouvementée par les conquêtes grecques puis romaines, la capitale juive s’est trouvée bientôt détruite à partir du Ier siècle av. J.-C. La population juive y est interdite. Elle garde toutefois en mémoire le souvenir d’une ville, berceau de la religion du roi David. Malgré l’absence du temple, les juifs jetés aux portes de la ville bénissent quotidiennement Jérusalem dans leurs prières. En l’attente d’un retour en terre promise huit siècles plus tard. L’année 1947 consacre alors la réapparition du peuple juif en Israël, sur décision de l’ONU, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Les premiers musulmans priaient vers Jérusalem
Du côté des chrétiens, la ville de Jérusalem apparaît à plusieurs reprises dans la Bible, notamment dans l’Evangile de Saint Jean. Jésus s’y rend pour la fête de la Pâque et y vit ses derniers jours sur terre, jusqu’à sa crucifixion et sa résurrection. C’est l’empereur chrétien, Constantin, qui le premier, a érigé les premiers lieux saints en souvenir des derniers jours du Christ. La ville devient alors au IVe siècle une ville de pèlerinage pour les chrétiens.
Chez les musulmans, Jérusalem n’est mentionné qu’en troisième position dans la hiérarchie des villes saintes, après Médine et La Mecque. Avant de se tourner vers La Mecque pour prier, le prophète Mahomet dirigeait ses prières vers Jérusalem. C’est d’ailleurs de là que le prophète aurait effectué son « voyage nocturne » avant de revenir à La Mecque pour raconter cette expérience mystique. Pour les musulmans, Jérusalem représente l’aboutissement de leur spiritualité.