Mercredi 3 mars 2021, le procureur de la République de Reims Matthieu Bourrette a annoncé la mise en examen du principal suspect de l'agression du photo-journaliste Christian Lantenois. Anes Saïd K., un Algérien de 21 ans qui réside à Reims depuis trois ans, a été mis en examen pour « tentative de meurtre aggravée » et placé en détention provisoire. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Cette agression ultra-violente s'est déroulée le samedi 27 février dans l'après-midi, en l'espace de 57 secondes, sur le parking de la médiathèque du quartier Croix Rouge, à Reims. Peu après 15 heures, alors que le photo-journaliste de L'Union-L'Ardennais tentait de prendre des clichés d'un groupe de jeunes qui se préparaient manifestement à en découdre avec d'autres jeunes, il a été repéré par plusieurs individus.
Christian Lantenois a alors tenté de réintégrer l'habitacle de son véhicule, mais n'en a pas eu le temps. Un jeune s'est précipité vers lui, l'a frappé à coups de poing, puis avec son propre appareil photo. « Un second individu était vu en train d'asséner des coups de bâton en direction de la victime, mais il apparaît vraisemblable que ces coups ont été assénés au sol et non sur Christian Lantenois », a déclaré le procureur lors d'une conférence de presse.
« Il est manifeste que la présence de Christian Lantenois gênait les individus qui se préparaient à commettre des violences, et qu'il a été agressé alors qu'il exerçait son métier de journaliste photographe et pour ce motif », a souligné Matthieu Bourrette, tout en rappelant que « cet élément n'est pas une circonstance aggravante sur un plan strictement juridique. »
Le personnel de la médiathèque a porté assistance au blessé, avant que les secours n'arrivent sur les lieux peu avant 15h30. Le sexagénaire a été soigné sur place pendant une heure et demie avant d'être transféré au CHU. Son pronostic vital est aujourd'hui toujours engagé. Placé dans un coma artificiel, il souffre notamment d'un traumatisme crânien très sévère et d'une hémorragie cérébrale.
Le jeune homme de 21 ans suspecté d'avoir frappé le photo-journaliste a été identifié et interpellé le lundi 1er mars « sur la voie publique ». Placé en garde à vue, Anes Saïd K. a gardé « intégralement le silence ». « Aucune audition n'a pu être réalisée », a expliqué le procureur, qui a décrit « un individu passablement énervé ».
L'Algérien n'est pas un inconnu de la justice : « condamné à huit reprises entre 2018 et 2019, notamment pour des faits de vols avec effraction, usage de stupéfiants et violences en réunion, il a été incarcéré à Reims du 16 avril au 19 mai 2020 pour ne pas avoir effectué le travail d'intérêt général auquel il était astreint. »
Les investigations se poursuivent désormais afin d'identifier et d'interpeller les autres personnes impliquées dans cette agression qui a suscité un immense émoi, aussi bien localement que dans le monde des médias et chez de nombreux responsables politiques, jusqu'à l'Élysée.