Rien na va plus. L'Outremer divisé dans sa lutte contre la vie chère.
En guerre depuis septembre contre la vie chère, la Martinique est touchée par un mouvement qui a dégénéré avec des émeutes urbaines et des violences, essentiellement nocturnes. Selon des chiffres de la préfecture, plus de 230 véhicules ont été brûlés volontairement et des dizaines de locaux commerciaux ont été incendiés, vandalisés ou pillés. Après des centaines d'heures de discussions et de négociations, un accord a été conclu et signé par tous les acteurs, sauf le RPPRAC. L'association à l'origine du mouvement a poursuivi sa mobilisation dans les rues, en Outremer et dans l'Hexagone. Mais au nom de qui ? Le peuple ? Quel peuple ? Les procédés de l'associaion sont loin de faire l'unanimité.
Le ministre des outre-mer a précisé mardi lors d’une visite en Martinique le calendrier de la baisse de 6 000 produits de première nécessité actée en octobre, assurant qu’elle devrait intervenir en janvier 2025. « L’objectif, c’est, au 1er janvier prochain, - 20% sur 6 000 produits » dans cette île des Antilles secouée depuis début septembre par des tensions dues à la vie chère, a affirmé François-Noël Buffet lors d’une conférence de presse à la préfecture de la Martinique, à l’issue d’une longue réunion avec le préfet, de nombreux élus et acteurs du monde économique, dont les patrons des groupes locaux de distribution.
Arrivé lundi soir en Martinique pour une visite de quatre jours, François-Noël Buffet s’est dit « disposé à rencontrer tout le monde » sur l’île, y compris les dirigeants du RPPRAC, rentrés lundi dans le département après un séjour de dix jours à Paris pour y organiser des manifestations.
Face-à-face tendu mardi soir
Plus tard dans la soirée, les leaders du collectif ont fait irruption sur le terrain de la résidence privée du préfet, et exigé de rencontrer le ministre. Après un face-à-face tendu sur le pas de sa porte, le représentant de l’État a refusé d’accéder à la demande du RPPRAC. « Le rendez-vous n’était pas demandé, il n’était pas formalisé », a argué François-Noël Buffet, dénonçant une attitude « quasi rédhibitoire » des militants.
En refusant la rencontre, le ministre a commis « une grave erreur », a réagi sur X la cheffe du groupe LFI à l’Assemblée nationale Mathilde Panot, ajoutant que « la solution pour le peuple martiniquais n’est ni dans la répression ni dans le mépris, elle est politique ».
Par ailleurs, une déambulation du ministre dans les rues de Fort-de-France prévue mardi a été annulée dans la matinée, parce que la réunion en préfecture a « largement dépassé les délais », a justifié M. Buffet qui a toutefois assuré que ses autres visites de terrain seraient maintenues.
Interpellation d’une figure du mouvement contre la vie chère
Mardi soir, la figure du mouvement contre la vie chère en Martinique, Rodrigue Petitot, à la tête du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), a été interpellé mardi à Fort-de-France à la suite d’une plainte pour violation de domicile et actes d’intimidation à l’encontre de personnes exerçant une fonction publique. Selon une source, il s’est introduit en compagnie de trois autres personnes dans l’enceinte de la résidence préfectorale dans le quartier huppé de Didier à Fort-de-France. Une intrusion dont le but était d’obtenir un entretien avec le ministre des Outre-mer.
C’est le préfet de la Martinique, Jean Christophe Bouvier, qui s’est opposé physiquement à l’entrée du président du RPPRAC dans la résidence .L’attitude des leaders du collectif était « inacceptable, inimaginable, intolérable », a estimé M. Bouvier.
Après l’annonce de l’interpellation de Rodrigue Petitot, une centaine de personnes se sont rassemblées devant le commissariat de Fort-de-France pour réclamer sa libération.