Un dimanche soir comme un coup de tonnerre. L’alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) est sortie en tête du deuxième tour des élections législatives, devant les macronistes et le Rassemblement national (RN). Entre la victoire surprise de l’alliance de gauche, l’absence de majorité, la participation record et la montée du RN en nombre de sièges à l'Assemblée Nationale, rien ne va plus. La clarification voulue par Emmanuel Macron a provoqué une véritable crise institutionnelle en France. Les nouveaux
élus font en ce moment leur rentrée au Palais Bourbon. Mais il faudra attendre afin de connaître les véritables contours des différentes composantes de l'hémicycle. Qui et avec qui ?
L'analyse du politologue Justin Daniel sur ce gloubi-boulga politique.
Même si la recomposition définitive pourrait prendre du temps, le décompte des rapports de force commence à s’affiner. Le NFP, qui compte 178 élus directement rattachés à cette alliance, devrait pouvoir attirer en plus une quinzaine de députés « divers gauche » ou « régionalistes », comme les « frondeurs » insoumis Danielle Simonnet et Alexis Corbière, ou certains Ultramarins qui siégeaient déjà dans l’ancienne Nupes. Les rapports de force internes au NFP sont plus complexes à mesurer dans l’attente de la composition des groupes et des défections éventuelles, mais une remontée des socialistes sur les insoumis semble se dessiner : les projections des instituts donnaient dans la nuit un score de 70 à 80 députés LFI, contre plus d’une soixantaine au PS, une trentaine aux écologistes et une dizaine aux communistes.
Côté camp présidentiel, arrivé deuxième, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, 156 députés Ensemble ou Horizons ont été élus, auxquels il faut ajouter plusieurs candidats siégeant auparavant dans la majorité présidentielle, ou encore ces quelques élus investis par l’UDI, partenaire du camp présidentiel lors de ce scrutin. Le bloc macroniste devrait donc aisément dépasser les 160 députés. Le score des Républicains, estimé par les sondeurs à plus de 60 députés, est toujours incertain : de nombreux candidats se sont présentés comme « divers droite » avec le soutien du camp présidentiel. Enfin, le Rassemblement national et ses alliés devraient compter 143 députés : 125 investis par le RN, 17 par l’alliance nouée avec Eric Ciotti et un « divers extrême droite » soutenu par le RN.