Ce sont les conclusions de la commission d'enquête sur le narcotrafic en France, présentée par les sénateurs Jérôme Durain (SER) et Etienne Blanc (LR).
Dans un rapport publié et présenté mardi 14 mai 2024, en commission d'enquête du Sénat, les sénateurs Jérôme Durain (Socialiste, Écologique et Républicain) et Etienne Blanc, rapporteur de la commission (Les Républicains) ont exposé les 35 propositions phares pour lutter contre narcotrafic en France. « Un phénomène national » selon le rapporteur qui s'organise dans le monde entier, et notamment dans les Outre-mer où u ne attention sera « particulièrement portée ».
Après six mois d’investigation, la commission d’enquête sénatoriale sur le trafic de drogue a rendu ses conclusions. Un état des lieux inquiétant, assorti de propositions de réforme. Ce travail accompli entre novembre 2023 et mai 2024 n’est pas sans défaut. La dimension sanitaire, notamment, en est volontairement absente, et la préconisation de certaines solutions juridiques interroge. Mais il dresse un panorama sans concession d’un phénomène souvent ignoré par les gouvernements de tout bord pendant des décennies qui, au lieu de s’attaquer à ses racines, ont préféré lutter contre son écume.
Les outre-mer, « territoires sacrifiés »
Jeudi 25 avril 2024, trois hommes ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Fort-de-France, en Martinique, pour avoir importé 250 kilos de cocaïne et pour blanchiment d'argent et détention d'armes.
Le même jour en Guyane, plus d'une tonne de cocaïne a été saisie au port de Dégrad des Cannes, à Remire-Montjoly. Il s'agit d'une des plus importantes saisies de drogue jamais réalisée.
DEA à la française, parquet national antistupéfiants, plan anticorruption… En trois tomes et 35 recommandations, le rapport de la commission d’enquête du Sénat pointe les failles des politiques publiques dans la lutte contre le narcotrafic et propose « un traitement de choc » pour mettre fin à l’impunité dont jouissent les criminels du haut spectre, au risque sinon de voir la France se transformer en narco-Etat. Les élus préconisent de « structurer enfin l’action des services en charge de la lutte contre le narcotrafic », en faisant de « l’Office antistupéfiants (Ofast) une véritable « DEA à la française » (l’agence américaine de lutte contre la drogue, ndlr). « Ça implique trois choses : une véritable autorité sur tous les services d’enquête, un pouvoir d’évocation qui lui permette de se saisir des affaires les plus lourdes ou les plus complexes et des moyens à la hauteur de cette ambition », a exposé Jérôme Durain. Le nouveau parquet aurait pour compétence la lutte contre le narcotrafic du « haut du spectre ». Pour ce faire, il disposerait d’un monopole sur la gestion des « repentis » et des futurs informateurs « civils » que la commission souhaite aussi voir créés.