Au 1er janvier 2023, la densité carcérale globale en outre-mer avoisinait 122,5 %, soit 4 % de plus qu’en France métropolitaine. Et depuis la situation ne cesse de s'aggraver.
En 2022, dans le cadre d'une large étude de l'effectivité des droits de l'Homme dans les Outre-mer, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) avait adopté un avis sur la question pénitentiaire dans les Outre-mer.
La surpopulation carcérale endémique, un fléau aussi en Outre-mer
226 pour 130 places à la maison d’arrêt de Basse-Terre en Guadeloupe, 917 pour 613 places au centre pénitentiaire de Remire –Montjolyen Guyane.Au 1ermars 2017,11 établissements pénitentiaires sur 16 en Outre-mer connaissaient une surpopulation carcérale variant de 118 à 230%.
« Perte de dignité, de l’estime de soi pour les personnes détenues, montée de l’intolérance, de la violence dans les établissements. Les conséquences de la promiscuité sont dévastatrices. Alors que le Comité des droits de l’homme, le Comité contre la torture, le Comité de prévention de la torture, et diverses institutions nationales alertent l’Etat français depuis des années, dénonce avec force Christine Lazerges, présidente de la CNCDH, il n’est plus tolérable qu’en2017 tant de personnes soient toujours détenues dans des conditions inhumaines ou dégradantes ». C'est l'alerte déjà donnée il y a plusiseurs années.
La solution institutionnelle retenue de l’unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA), à la différence des UHSI où l’administration pénitentiaire est impliquée directement dans la gestion de la sécurité des patients et des personnels jusque dans les chambres et l’exercice du soin, est celle d’un hôpital dont seulement les entrées et la périphérie sont surveillées et gérées par l’administration pénitentiaire, qui assure par ailleurs les escortes des transferts. Le patient sous écrou, une fois les formalités d’entrée effectuées, est pris en charge pour l’intégralité de sa vie et de ses mouvements par les personnels hospitaliers.
Le budget de l'administration pénitentiaire pour 2024 du nouveau projet de loi de finances, voté par l’Assemblée nationale et dont les débats au Sénat débuteront fin novembre, traduit une nouvelle fois la place centrale de la peine d’emprisonnement et de son volet punitif dans notre politique pénale. Il ne présage, malheureusement, aucun changement de paradigme.
Cinq milliards. C’est le cap que passera en 2024 la dette générée par la construction de nouvelles places de prison. Sur la seule année prochaine, plus de 630 millions d’euros y seront consacrés. Le nouveau budget de l’administration pénitentiaire marque ainsi la poursuite d’une politique tout aussi effrénée qu’inefficace. Présentée comme la solution principale pour mettre fin aux fléaux de la surpopulation carcérale et l’indignité des conditions de détention, cette politique de construction – encore renforcée avec le vote récent d’une augmentation du plan immobilier – va droit dans le mur.