« Derrière une belle devanture, à l'intérieur c'est pourri » selon certains salariés.
Après leur mise en cause devant tribunal judiciaire de Paris en décembre 2024, les anciens dirigeants de la Semsamar, Marie-Paule Bélénus Romana et Jean-Paul Fischer ont laissé leur empreinte au sein de la société. La chasse aux sorcières se poursuit pour faire taire et cacher ce qui a existé.
Marie-Paule Bélénus Romana et Jean-Paul Fischer ont tous deux été reconnus coupables de prise illégale d'intérêts, d'abus de biens sociaux et de favoritisme, à Paris. Poursuivi pour prise illégale d'intérêts, Louis-Constant Fleming pour sa part a été relaxé.
La justice a tranché dans le dossier tentaculaire des dirigeants de la Semsamar. Deux anciens responsables de la société d'économie mixte – premier bailleur social des Antilles et de la Guyane – ont été condamnés le 19 décembre 2024 par le tribunal correctionnel de Paris.
Reconnue coupable de prise illégale d'intérêts, d'abus de biens sociaux et de favoritisme, Marie-Paule Bélénus a été condamnée à 18 mois de prison avec sursis. Plus de 350 000 euros d'avoirs saisis lui seront confisqués et elle devra en outre verser solidairement avec Jean-Paul Fischer la somme de 300 000 euros à la société dont elle a assuré la direction. Jean-Paul Fischer a, lui aussi, été reconnu coupable de prise illégale d'intérêts, d'abus de biens sociaux et de favoritisme. Estimant qu'il avait bénéficié d'un " enrichissement personnel " et que sa gestion " détendue " était entachée de très nombreuses irrégularités, le tribunal l'a condamné à deux ans de prison avec sursis, une amende de 100 000 euros, une interdiction de gérer pendant 5 ans ainsi que l'indemnisation de la Semsamar à hauteur de 300 000 euros solidairement avec Marie-Paule Bélénus.
Ces décisions ne sont pas des détails. Elles cachent des pratiques encore en vigueur en 2025 au sein de la Semsamar. C'est ce qui ressort de l'investigation que mène la rédaction de Patmedias. Passes droits opérationnels, traffic de comptes financiers, intimidations à l'encontre de certains salariés, harcèlement moral et syndical, mise au placard, stigmatisation. La chasse aux sorcières est plus que jamais ouverte à la Semsamar. Initiée par Marie-Paule Bélénus, elle est menée aujourd'hui par sa propre nièce, Laure Treil-Maximin, la nouvelle Directrice des Ressources Humaines et des Services Généraux. Une histoire de famille ? La main de madame Romana fait justice au sein de la société sous couvert de probité. Certains salariés se sont vus imposés des avenants à leur contrat de travail, des retards en terme d' évolution professionnelles. Ces derniers parlent de « pressions insidieuses sur le personnel ».
Pas tous. Car des clans se sont constitués et existent à la Semsamar. Un système bien en place et bien verrouillé qui a su mettre dans sa poche 3 syndicats sur 5 et casser, intimider de nombreux salariés qui préfèrent suivre la vague de la sécurité et de la prudence de peur de perdre leur travail. Et le système le leur rend bien puisque des primes sont proposées à tous ceux qui se rangent comme « des moutons dociles », dans le camp de l'employeur, car c'est l'image qui prime au détriment des pratiques douteuses de certains responsables hiérarchiques. Les autres se retrouvent donc montrés du doigt, isolés, rendus invisibles.
L'ambiance au sein de cette société d'économie mixte est très tendue. « La Semsamar est hautement politique » nous dit un salarié. Il nomme l'ancien Préfet de Dignes Bernard Guerin, Conseiller du PDG de la Semsamar, Monsieur Alain Richardson, qui est par ailleurs Pasteur Méthoddiste. « Que tes pensées, Ô Dieu, me semblent impénétrables » ! Un autre salarié fait état d'un fort réseaux d'influences de la société et dénonce « un système occulte » qui a aussi à sa botte les médias locaux.
On se souvient qu'en 2018 le président de la République Emmanuel Macron avait frappé du poing sur la table. Le chef de l’Etat avait été très critique et menacé les bailleurs sociaux et notamment la Semsamar. Une date butoir leur avait été adressée. « Si les toits des résidences ne sont pas réparés d’ici le 31 décembre prochain, le préfet pourra saisir la justice dans le cadre de la loi contre les marchands de sommeil » . Le ton était donné. L'Etat a donc la Semsamar dans sa ligne de mire, notamment via l'ANCOLS (l'agence nationale de contrôle du logement social) mise en place en 2022.
Enfin pour rappel l'ancien sénateur de Saint-Martin, Louis-Constant Fleming a bénéficié d'une relaxe sur le dossier dit des "terrains de Spring".
A Saint-Martin, les terres de Beauperthuy étaient à nouveau au cœur d’une discorde. Trois parcelles devaient être vendues aux enchères le 13 mai 2024. Sauf que la collectivité territoriale avait annoncé sa ferme intention de faire l’acquisition de la totalité du domaine. Un patrimoine inestimable tant au regard de sa superficie que de sa valeur. Il n'en fallait pas plus pour provoquer la colère du président Mussington, qui appelait la population à manifester. Lors de la présentation des orientations budgétaires 2025, le président Louis Mussington a confirmé la volonté de la Collectivité d'acquérir à l'amiable une partie des terrains de la succession Beauperthuy situés à Quartier d'Orléans (soir environ 300 hectares) qui devaient être vendus aux enchères.
Selon nos confrère de Soualiga Post, Louis Mussington a indiqué aux membres du conseil territorial réunis en séance plénière que l'administrateur en charge de la succession et la COM s'étaient entendus sur un montant, celui de 38 millions d'euros (il y a un peu moins d'un an, Louis Mussington avait indiqué que le prix de l'administrateur était 42 millions d'euros et qu'il refuserait de dépenser autant). Toutefois, la COM ne va pas être seule à acheter, la Semsamar se positionne aussi à hauteur de 7 millions d'euros.
Mercredi matin, il a été confirmé que la COM va solliciter l'établissement public foncier de Guadeloupe, Terres Caraïbes pour l'accompagner financièrement. Un «engagement» a été pris entre les deux parties pour que Terres Caraïbes acquiert 13 millions d'euros de foncier pour le compte de la COM qui dispose de dix ans pour le rembourser et voir ces terrains lui revenir à la fin de l'échéance. «Si on a des difficultés [à rembourser], on pourra reporter, c'est possible », a affirmé Louis Mussington. De son côté, Daniel Gibbs espère que les prochains membres du conseil d'administration de Terres Caraïbes conserveront les engagements pris aujourd'hui par l'actuel conseil d'administration.
En parallèle, la COM a également sollicité la Banque des Territoires pour lui accorder les autres 18 millions d'euros nécessaires pour acheter les terrains, un prêt sur soixante ans pourrait lui être accordé. Au final, la COM devra budgétiser chaque année et pendant dix ans 2,1 millions d'euros pour rembourser l'établissement public foncier de Guadeloupe et la Banque des territoires. «Après dix ans, ce sera moins, ce sera inférieur à 1,5 million», a précisé le directeur financier de la COM.
«On s'engage quand même sur 31 millions d'euros», a fait remarquer Jules Charville, leader de Generation Hope. «Oui, mais on a un actif», a répondu le premier vice-président Alain Richardson. «Et quels sont les projets ?», a rétorqué Philippe Philidor de la Team Gibbs.
«Qu'est-ce qu'on envisage ?, pour l'heure rien, on a le temps de temporiser», a répondu Louis Mussington. Il a expliqué que «selon l'administrateur, la majorité des héritiers étaient d'accord sur le deal et la somme de 38 millions d'euros ; que la prochaine étape est la validation de cette entente par le président du tribunal et après on pourra procéder à la phase où on va chez le notaire et on conclut cet achat.»
La rédaction de Patmedias vous dévoilera encore ce qu'il se passe à la Semsamar et comment des salariés ont été poussés à la porte.
Affaires à suivre