Cette éducation sexuelle est-elle inappropriée ou moderne ? Une émission de télévision pour enfants danoise montre aux enfants toute la nudité pour leur montrer à quoi ressemblent les corps normaux.
« Touchez pas à nos enfants ! » Souvenez-vous. C’est à ces cris que 1 500 personnes avaient manifesté, dimanche 17 septembre dernier, dans le centre de Bruxelles. Elles protestaient contre une animation scolaire de deux heures par an d’« éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle » (Evras), portée par la ministre francophone de l’éducation, Caroline Désir (Parti socialiste). Cette animation scolaire étant destinée avant tout aux préadolescents et adolescents. Soulignons qu'un projet de décret avait été adopté dix jours auparavant.
Plusieurs précédents en France
S’il est rare qu’elles prennent autant d’ampleur, les fausses informations sur les cours d’éducation sexuelle ne sont pas rares. En 2018, une publication alarmiste assurait qu’une circulaire de l’éducation nationale, en France, prévoyait d’aborder les questions sexuelles avec des enfants de 5 ans. Il s’agissait, en réalité, d’un rapport suisse sur la sexualité infantile.
De même, la loi Schiappa du 3 août 2018, qui introduit la présomption de non-consentement pour les relations sexuelles avec des mineurs de moins de 15 ans, avait été accusé contre toute évidence de « légalise[r] la pédophilie ».
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Des associations veulent «rendre effective» l'éducation à la sexualité
Rédigé par une dizaine d’associations, le livre blanc propose 46 recommandations pour pallier les «défaillances» dans l’application de la loi de 2001.
Un livre blanc rédigé par une dizaine d'associations et publié lundi émet une quarantaine de recommandations pour «rendre effective» l'éducation à la sexualité, obligatoire depuis 2001 mais peu mise en œuvre sur le terrain.
Face aux «défaillances» dans l'application de la loi de 2001, le livre blanc formule 46 recommandations «devant permettre une application réelle et effective de l'éducation à la sexualité», indique le collectif, qui compte dans ses rangs le Planning familial, Sidaction ou encore l'association féministe En avant toutes.
D'après le code de l'Éducation, les élèves des écoles, collèges et lycées doivent bénéficier d'au moins trois séances annuelles d'éducation à la sexualité, y compris une sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles. Mais dans la pratique, le compte n'y est pas, selon les associations qui s'alarment régulièrement de voir ces thématiques être «délaissées par les autorités publiques».
«Plan national pluriannuel»
Parmi les mesures préconisées, figurent la mise en place d'un «plan national pluriannuel», la création d'un poste de référent académique chargé de cette question, ou encore la rédaction d'un manuel commun dédié.
«L'éducation à la sexualité doit être déployée tout au long de la scolarité, dans le cadre des trois séances annuelles obligatoires» mais «elle doit aussi se traduire, de façon transversale et continue, dans le contenu, dans les méthodes d'enseignement et le comportement des personnels», estime le collectif.
Concrètement, les programmes doivent accorder une place accrue aux femmes et aux questions de genre, «en abordant l'histoire des acquis féministes, les avancées scientifiques révélées par des femmes, la littérature des femmes et personnes LGBTQIA+», plaident les associations.
Les propositions du Conseil supérieur des programmes attendues
Selon un sondage Ifop publié en mars, 17% des 15-24 ans interrogés déclaraient n'avoir jamais bénéficié au cours de leur scolarité de cours d'éducation à la vie affective et sexuelle. Parmi les autres, seul un tiers disait avoir bénéficié des trois séances annuelles prévues. Dans un rapport publié en 2021, l'Inspection générale de l'Éducation avait reconnu que l'objectif n'était «à l'évidence pas réalisé».
Promettant le renforcement de cet enseignement, Pap Ndiaye, alors ministre de l'Éducation nationale, a chargé en juin le Conseil supérieur des programmes d'élaborer une proposition de programme d'éducation à la sexualité pour chaque niveau d'enseignement. Les propositions du Conseil sont attendues d'ici à la fin novembre.