Les murs de la prison ne sont pas hermétiques à la drogue. Un détenu sur quatre affirme fumer quotidiennement du cannabis, montre une étude de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) publiée lundi, la première enquête représentative à l'échelle de la France.
Les résultats de l’enquête ESSPRI témoignent d’une exposition importante aux substances psychoactives chez les détenus hommes majeurs en France hexagonale, toutes durées de peine confondues, quel que soit le type d’établissement et le statut pénal (en attente de jugement ou condamné).
Des consomations antérieures à l'incarcération
Une grande majorité des détenus qui ont consommé des substances psychoactives en détention déclaraient déjà des consommations importantes avant leur incarcération. Les substances psychoactives en prison les plus consommées quotidiennement sont, par ordre décroissant, le tabac, le cannabis et l’alcool, alors qu’il s’agit du tabac, de l’alcool et du cannabis dans la population générale. Il en résulte une polyconsommation tabac-cannabis très répandue et une polyconsommation tabac-alcool quasi inexistante, contrairement à ce qui est observé en population générale.
Le cannabis plus accessible que l’alcool
Si la consommation et l'acquisition d'alcool sont interdites en prison, la substance est la troisième la plus consommée en milieu carcéral: 16% des détenus disent en avoir déjà consommé au moins une fois. En 2023, près de trois détenus sur quatre (73%) ont déclaré fumer actuellement du tabac et 63% en fument quotidiennement, soit 2,5 fois plus qu'en population générale.
L'étude montre aussi que les détenus ont une représentation différente de l'accessibilité du cannabis et de l'alcool, le cannabis étant réputé plus facilement accessible que l'alcool. «La taille des bouteilles d'alcool et son indivisibilité sont un argument fréquemment mentionné par les détenus pour expliquer la circulation moins importante de ce produit par rapport au cannabis», pointent les auteurs, qui rappellent les moyens utilisés par les détenus pour introduire des biens interdits en prison.
Ils évoquent les projections par des tiers au-dessus des murs de la prison à l'intérieur des cours de promenade, les livraisons par drones, la transmission grâce à un visiteur au parloir ou par le courrier, ou par un intervenant en prison (surveillant, intervenants, extérieurs cuisine, personnels de santé) en général contre une rétribution financière.