Dans ses colonnes du 23 mai 2024, le journal local France Antilles rend compte d’une homélie jugée « raciste » d’un prêtre remplaçant ayant choqué des paroissiens.
« Au cours des messes célébrées samedi et dimanche, l'officiant a notamment livré une vision très particulière de la crise touchant la Nouvelle-Calédonie. Ses propos aux relents racistes ont choqué de nombreux fidèles » rapporte le journal. L’article précise bien « D'après lui, nous sommes jaloux et nous devons nous libérer de cet état provoqué par l'esclavage ", rapporte, sur la toile, un internaute ayant assisté à la messe. Toujours selon ce témoin, l'officiant aurait exhorté les uns et les autres à " guérir de leurs complexes ».
Cette affaire comme bien d’autres racialisées en Martinique n’a pas manqué de susciter des réactions de personnes qui n’avaient même pas assistées au culte. Un article basé sur les seules dires de chrétiens ou pseudo-chrétiens sur les réseaux sociaux et voici qu’une cible idéologique raciste est placée dans le dos d’un prêtre venu en remplacement du curé de la paroisse en convalescence. On comprend aisément qu’il s’agit d’un prêtre caucasien, sinon la polémique n’aurait pas lieu d’être. Martinique La 1ère rend également compte de l'affaire. Le commentaire du journaliste est aussi au conditionnel,, mais laisse tout de même penser que les accusations à charge contre le prêtre ne sont pas calomnieuses. « Ils ont tous entendus ça ». Certains accusateurs témoignent lâchement visage caché, parlant de contexte particulier. Jour de Pentecôte, veille de 22 mai, jour de commémoration de l'abolition de l'esclavage en Martinique. Un témoignage à visage découvert relativise les faits affirmant que les mots du prêtre ont été sortis de leurs contextes. No comment ! Et cerise sur le gâteau, même le maire de la commune, Arnaud René-Corail en rajoute. Ce dernier rend lui aussi son jugement dernier : « des mots de trop prononcés par ce monsieur, même si demain on dira que ses mots ont été sortis de leurs contextes ». La chaîne confirme notre analyse : le prêtre serait originaire de la Bretagne. Le Dieu des chrétiens martiniquais a tranché.
Le pape François lui-même, chef de l’Eglise catholique ne mâche souvent pas ses mots pour décrire sans concessions l’attitude des uns et des autres sur l’immigration, l’homosexualité, la globalisation de l’indifférence. L’archevêque de Nouméa, Mgr Michel Marie Calvet, a tenu le 15 mai dernier, une réunion avec les prêtres et les diacres de Nouméa. Il a aussi pris contact avec les protestants afin d’agir en faveur du dialogue et de l’apaisement « Nous allons essayer d’appeler à un temps de réflexion et de prière d’abord, et puis également appeler ceux qui ont une possibilité de décision et d’influence auprès de ceux qui sont actifs, puisqu’actuellement, on a même du bord opposé des gens qui commencent à s’organiser en milices », a-t-il confié dans un entretien à Vatican News.
Face à la force de la violence se dresse une autre force, douce, silencieuse, spirituelle : celle de la prière.
Mais que sait-on réellement du discours de ce prêtre sinon ce qu’en disent des paroissiens sur les réseaux sociaux ? De surcroît aux Trois-Ilets, une commune qui fait à date, l’objet de nombreux relents de racisme non avéré juridiquement, dans des affaires comme celle dite Pinto ou encore Guérande.
Interprétation douteuse ? Interpréter est une activité à la fois anticipatrice et rétrospective. Et celui qui interprète hasarde des hypothèses sur ce qu'il est en train d’écouter à partir de «scénari » communs tirés de sa vie quotidienne ou de sa propre histoire et culture.
Il est dès lors surprenant que le père Monconthour, délégué épiscopal à la communication évoque, avant même les conclusions d’une enquête interne en cours une potentielle maladresse dans les propos tenus par l'officiant. Affirmant, toujours dans les colonnes de France Antilles : « C'est un prêtre qui ne connaît pas le territoire, notamment les enjeux sociétaux. Il pense le savoir. Il est possible que ça ne parte pas d'une mauvaise intention et qu'il s'est probablement mal exprimé. Il faut attendre les conclusions de l'enquête et le communiqué de l'archevêché ».
« Tendre la joue gauche » c'est bien enseigné dans la Bible, pas toujours suivi par les chrétiens. Mais là, il s'agit de sauver les meubles et les apparences. Une réaction de lecteur a retenu notre attention :
Malheureusement, la messe est donc dite ? La belle affaire !?
Quoiqu’il en soit, ce prêtre semble déjà condamné par l’enfer des réseaux sociaux et par une idéologie « anti-blanc » qui semble se développer de plus en plus, en Martinique comme ailleurs en Nouvelle Calédonie.